Entre 2009 et 2014, 16 bébés nés sans bras dans le Morbihan et dans l'Ain.
Bien que balayée par Santé publique France, sans avoir plus été étudiée, l'hypothèse du rôle des pesticides est plus que probable.
Pour répondre à un risque particulièrement élevé de maladies en raison de précipitations abondantes, de nombreux pesticides sont utilisés autour de Guidel (comme ailleurs). C’est ce que suggère en tout cas l’inventaire des ventes de pesticides à ce moment. « 133 substances actives différentes ont été vendues sur la commune, 21 sont classées au plan toxicologique comme pouvant nuire aux fœtus, dont certaines sont susceptibles d’être présentes autour des habitations des enfants nées avec des ATMS », détaille Hervé Gillet. L’agronome aurait aimé établir, sur le modèle de Guidel, le « paysage cultural pour chacun de seize cas d’ATMS bretons mentionnés dans le premier rapport de l’Anses du 11 juillet 2019 ».
.
Deux substances avec lesquelles les mères des bébés sans bras ont pu être en contact attirent particulièrement son attention : le thiaclopride et le bromoxynil. Le thiaclopride est le principe actif du Protéus, un insecticide vendu par Bayer pour tuer les pucerons. Autorisé en 2009 et interdit en 2018, il a des effets tératogènes : c’est-à-dire que son action peut produire des malformations sur l’embryon. Quant au bromoxynil, également tératogène, on le retrouve dans l’herbicide « Chamois », vendu par Philagro (qui appartient aujourd’hui au groupe japonais Sumitomo Chemical).
Deux suspect: Protéus (insecticide vendu par Bayer) et Chamois (herbicide)
« L’étude des ventes de bromoxynil sur les données disponibles montre des surventes en Bretagne en 2011 et 2012 », souligne Michel Mench, le membre du comité d’experts scientifiques qui a prêté attention aux pistes présentées par l’agronome, mais dont l’avis au sein du comité est demeuré « minoritaire » dans le rapport publié en 2020 par Santé publique France.
Bataillant pour que de plus amples investigations soient menées à propos de l’exposition aux pesticides des mères des enfants nés sans bras, il suggère de saisir la Brigade nationale d’enquête vétérinaire et phytosanitaire (BNEVP). Objectif : exiger des agriculteurs situés aux alentours des clusters qu’ils ouvrent leurs livres de comptes pour connaître précisément les produits utilisés, et faire de même auprès de leurs fournisseurs (coopératives agricoles notamment). Cette demande, comme toutes les autres, est balayée par le comité d’experts qui estime que « l’ensemble des expositions des mères des enfants porteurs d’ATMS pendant leur grossesse a été passé en revue ».
Lire l'article sur le média indépendant Bastamag
Mis à jour le 21 Déc. 2024